Retour aux règles de base

Traduction de l’article du Essay Décembre 2011 p.10

Je m’en souviens comme si c’était hier lorsque mon vieil ami et parrain Jesse L. m’a partagé une belle histoire. Il était une fois une équipe de football de grande renommée qui avait eu du succès année après année. Cependant, lors d’une saison les choses n’allaient pas bien pour cette équipe. Elle ne jouait pas à son mieux. Leur illustre et respecté entraîneur sentait qu’il était temps qu’il intervienne. Durant la mi-temps d’un de leur pire match il indiqua à l’équipe qu’il voulait leur parler dans le vestiaire. Lorsque les joueurs furent tous rassemblés, il dit : « Les gars vous savez que nous ne performons pas bien cette saison. Il y a une solution fort simple pour nous ramener sur la bonne voie. Nous devons retourner aux règles de base. » Il se pencha, pris un ballon de football, et d’une voix forte et puissante il dit «  Ceci est un ballon de football. »

Au cours de mes années avec SA, j’ai observé les difficultés de certains membres à rester sobre. J’ai souvent pensé que la plupart de nos problèmes sont liés au fait de ne pas s’accrocher aux règles de base de ce simple programme. Comme c’était le cas pour cette équipe de football, je crois que certains d’entre nous ont besoin de se faire dire aujourd’hui «  ceci est un ballon de football ». J’aimerais partager avec vous les règles de base que j’utilise pour mon rétablissement de façon quotidienne. Ce sont les ballons de football que je dois utiliser pour rester sobre sexuellement. Ces outils de base ont fonctionné pour moi pendant plus de vingt-sept années.

1. Je crois que j’ai une maladie. Cette maladie s’appelle le sexolisme.  Comme il est écrit dans le livre blanc, « Considérer notre sexolisme comme une dépendance semble être un bon moyen de commencer à nous regarder nous-mêmes. »(SA p.38) Comme le disait le Dr Silkworth dans L’opinion d’un médecin :

…les effets de l’alcool sur ces alcooliques chroniques sont une manifestation de type allergique ; le phénomène d’un besoin maladif d’alcool se limite à cette catégorie de personnes et ne se produit pas chez les buveurs modérés… Ils sont impatients, irritables et mécontents aussi longtemps qu’ils ne ressentent pas de nouveau cette sensation d’aise et de confort que leur procurent quelques verres… (AA, 4e édition p. xxix-xxx)

Je ne suis pas un méchant qui devient bon. Je suis un malade qui va mieux. Ma volonté n’arrêtera pas cette maladie. Seulement une Puissance supérieure à moi-même peut me libérer de ma maladie. Sous le chapitre « Autres données sur l’alcoolisme » il est clairement indiqué: nous le rappelons encore une fois : il y a des moments où l’alcoolique se trouve mentalement démuni devant le premier verre. Sauf rares exceptions, lui ni aucun autre être humain ne peut lui fournir les moyens de se défendre. Le secours doit lui venir d’une Puissance supérieure. (AA  p. 49)

2.  J’admets que je suis impuissant face à la luxure. Comme nous le lisons dans le Livre Blanc, « Le sexolique…a perdu le contrôle, n’a plus le pouvoir de choisir, n’est plus libre d’arrêter. » (SA page 14). Je ne peux pas prétendre être capable de contrôler et jouir de la luxure. Aujourd’hui, elle n’a plus sa place dans ma vie.

3. Je travaille sur mon programme SA juste une journée à la fois. Ce concept est magnifiquement décrit dans l’histoire «  Le troisième membre». L’homme dans cette histoire dit au Dr Bob (alors que Dr Bob et Bill W. lui rendaient visite à l’hôpital) :

« Oui, doc, j’aimerais cesser de boire, pour au moins cinq, six ou huit mois, le temps de me remettre d’aplomb, de retrouver le respect de ma femme et d’autres personnes et de remettre mes finances en ordre. »  Ils se sont mis à rire de bon cœur et ils ont dit « C’est plus que tu n’as réussi à faire jusqu’ici, n'est-ce pas.» C’était vrai. Ils ont ajouté: « Nous avons de mauvaises nouvelles à t’annoncer. Elles ont été mauvaises pour nous, et elles le seront sans doute pour toi. Que tu cesses de boire pendant six jours, six mois ou six ans, si tu reprends un verre ou deux, tu te retrouveras à nouveau attaché à ce lit d’hôpital, comme au cours des six mois que tu viens de vivre. Tu es un alcoolique. » …

Ils m’ont ensuite demandé si j’étais capable de demeurer abstinent pendant vingt-quatre heures. Je leur ai répondu oui, n’importe qui pouvait demeurer abstinent pendant vingt-quatre heures. « C’est de cela que nous parlons. Seulement vingt-quatre heures à la fois », ont-ils ajouté. … Chaque fois que je pensais à boire, l’idée de rester à sec pendant d’interminables années me revenait à l’esprit : mais cette idée des vingt-quatre heures, et que j’avais le choix à partir de maintenant, m’a beaucoup aidé. (AA p. 210-211)

4. Je comprends parfaitement ce qu’est la sobriété sexuelle et ce qu’elle n’est pas. Je ne peux prétendre être sobre tout en pratiquant des activités qui me stimulent, avec ou sans orgasme. Voir mon article (What is Sex with Self. Best of Essay : Practical Recovery Tools, page 13).

5. Ma maladie habite mon cerveau. Je ne peux me fier sur mes pensées pour me sortir de ma maladie. Mes meilleures pensées m’ont amené dans le merdier dans lequel je me trouvais. Je devais donc me fier à mon parrain et travailler beaucoup avec lui et aussi avec d’autres membres de ma fraternité afin de m’aider à ne pas sombrer dans «  les pensées néfastes ».

6. Je m’abandonne quotidiennement à un Dieu d’amour qui m’aime. Dieu m’aime tellement qu’Il a surveillé toutes les folies que j’ai faites alors que j’étais dans ma maladie et Il m’a amené au programme de toute façon. C’est en ce Dieu que je crois aujourd’hui.

7. Je suis très explicite lorsque je partage mes tentations de luxure avec d’autres membres de la fraternité. Comme il est dit dans le Livre Blanc:

La luxure déteste la lumière et la fuit; elle aime les replis secrets et sombres de mon être. Et lorsque je la laisse s’y installer, c’est comme un champignon et cela se développe, c’est comme le parasite de l’âme. Mais dès que je l’amène à la lumière, en l’exposant à un autre dépendant sexuel en voie de guérison, son pouvoir sur moi se brise. Se dévoiler tue la luxure. J’ai fait cela des expériences spécifiques, et non en général. (SA p. 141)

Lorsque j’abandonne une tentation de luxure à mon parrain ou d’autres membres de la fraternité, je ne me cache pas derrière des généralités telles que « j’étais dans la luxure aujourd’hui. » Je dis exactement ce à quoi je pensais. Je ne filtre pas mon comportement pour le rendre plus acceptable. Je le dis comme je le pensais. Si mon parrain ou les autres membres ne peuvent l’entendre, je dois alors trouver quelqu’un qui pourra entendre ce à quoi je pensais. J’essaie de commencer mon partage avec la phrase  «  je serai explicite maintenant ».

Évidemment, je dois accepter d’être à l’écoute des tentations de luxure des autres. Je dis habituellement une prière afin de ne pas me nourrir de leur luxure. Lorsque des membres me partagent quelque chose de façon explicite, je prie « Dieu laisse-moi écouter ce partage avec vos oreilles. »

8. Il n’y a pas de place dans ma vie pour des fantasmes sexuels.

Comme mon parrain dirait : « La première pensée est pour Dieu, la seconde est pour toi. » Qu’est-ce que je fais avec la première pensée ? Est-ce que je la laisse progresser en un film, ou si j’utilise les outils que j’ai appris sous le chapitre « Vaincre la luxure et la tentation »  

(SA p.139-148). Un jour à la fois, je choisis d’utiliser ces outils afin de prévenir que la première image d’une pensée de luxure se transforme en long métrage.

9. Je fais une liste de gratitudes chaque jour. J’aime faire cela spécialement le matin, pour éviter que mon ennemi « l’apitoiement » se faufile encore dans ma vie. L’apitoiement signifie que je suis dans le moi ; je suis centré sur le « je » et non sur Dieu. Lorsque je m’apitoie sur mon sort, j’oublie tous les beaux cadeaux que Dieu m’a donnés.  « Égoïsme et égocentrisme, c’est là, croyons-nous, la source de nos problèmes. » (AA p. 69)

10. J’évite les situations qui peuvent déclencher ma luxure. Je vérifie le résumé des films avant de les regarder afin d’éliminer ceux qui pourraient m’occasionner un inconfort, et j’essaie d’éviter certaines émissions de télévision.

11. Je suis prudent dans mes relations conjugales afin d’éviter que la luxure ne s’y installe. J’ai écrit davantage sur ce sujet dans un article intitulé « Qu’en est-il de la sexualité dans le mariage ? » publié dans le Essay du mois de juin 2011.

12. Je tente de vivre les Étapes, un jour à la fois. Les Étapes ne peuvent être qu’une partie de ma vie. Elles sont ma vie. Le travail des Étapes dix, onze et douze est mon outil de maintien et c’est de la plus grande importance pour moi. Je dois admettre promptement mes torts. Je dois être honnête lorsque je cherche le contact conscient avec Dieu, et je dois transmettre le message de mon rétablissement.

13. Je participe souvent pour accomplir les différentes tâches de service de la fraternité. C’est seulement en donnant que je peux garder ce que j’ai reçu. Ceci est exprimé de façon éloquente dans « La famille et le rétablissement » : nous étions comme le prospecteur affamé qui, se serrant la ceinture devant ses dernières réserves de nourriture, finit par trouver un filon d’or. Notre joie d’avoir échappé à une vie de frustrations était sans borne. C’est comme si papa avait découvert quelque chose d’encore mieux que l’or. Pendant un certain temps, il sera tenté de chérir ce trésor et de le garder pour lui seul. Il ne verra pas tout de suite qu’il a, en fait, déterré le petit bout de veine sans fin et que ce filon ne rapportera des dividendes que s’il continue de l’exploiter pour le restant de ses jours en cédant tout le produit aux autres. (AA p. 145-146)

Est-ce que j’applique ces règles à la perfection ? Non. Je les mets en pratique consciencieusement et au meilleur de mes habiletés ― et ces règles de base ont fonctionné pour moi pendant plus de vingt-sept ans. Je sais qu’elles peuvent fonctionner pour d’autres également. Elles sont mes règles de base. Elles sont mes ballons de football. Continuons donc dans le rétablissement comme des champions que nous sommes.

Harvey A., Nashville, TN